Frères et sœurs, voici que notre marche commence ! Elle durera 40 jours ! Savons-nous où nous allons? Avons-nous emporté avec nous ce qu’il est nécessaire ? 40 jours, c’est long ! Boussole, carte, bonnes chaussures de marche, sac à dos, un minimum de victuailles…. Tout cela sera bien nécessaire pour tenir la route !
Mais nous le savons aussi ! 40 jours dans la Bible est un nombre symbolique. Il renvoie à Moïse parti dans la montagne pour y recevoir la Torah, il a fallu le même nombre de jours à Elie pour arriver à l’Horeb afin de rencontrer le Seigneur ; le peuple hébreux a pris 40 ans pour cheminer depuis la terre d’Egypte, terre d’esclavage, pour arriver en terre de Canaan, la terre promise par Dieu; Jésus , lui-même, est resté 40 jours dans le désert. Et voici qu’aujourd’hui encore, nous sommes invités à parcourir une marche de 40 jours.
Oui, frères et sœurs, nous sommes invités, à la suite de Jésus, à revenir sur les traces du peuple hébreu et de reprendre son chemin ; tout comme Jésus aussi, nous sommes invités à ne pas tomber dans les infidélités à Dieu et les murmures. Jésus, homme juif, connaissait bien l’histoire du peuple qui l’avait précédé. Il lui fallait, à son tour, vivre cette expérience afin qu’elle prenne pour lui tout son sens. Il en est de même pour nous aujourd’hui.
Il est question de Noé dans les deux lectures de ce dimanche. Le récit de la Genèse rappelle l’alliance établie par Dieu avec ce patriarche et ses descendants, c’est-à-dire l’humanité. Huit personnes seulement étaient sauvées des eaux, rappelle Pierre dans son épître. Désormais tous les baptisés, (lavés dans l’eau et dans l’Esprit) sans limites de nombre, ce qu’annonçait l’alliance avec la descendance de Noé, sont maintenant sauvés par la mort et la résurrection de Jésus. Passé par l’épreuve du désert, Jésus peut annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume.
Frères et sœurs, nous aussi, pendant ce temps de grâce, ce temps favorable du Carême, sommes invités à aller au désert, lieu de prédilection pour rencontrer Dieu, sans obstacle, sans parasite, sans filtre. En marche pendant 40 jours ! Voyageons léger ! Pas besoin de carte ni de boussole ! Avoir confiance en Dieu et se laisser guider par Lui qui nous promet de vivre dans le pays où coulent le lait et le miel, là où, sur des prés d’herbe fraîche, il nous fait reposer.
Ôtons nos chaussures ! Car la terre que nous foulons est une terre sainte. Laissons sac à dos et victuailles de côté. Dieu sera notre seule nourriture pendant ce temps de jeûne tant il est vrai que l’homme ne vit pas seulement de pain…. C’est un temps où nous sommes invités à ouvrir notre cœur à Dieu, un temps où nous sommes invités à nous défaire de toute forme de tentation :
- la tentation du pouvoir…. C’est la nôtre quel que soit notre position…. c’est la mienne, appelé par excellence au service
- la tentation de l’avoir…. C’est lors des déménagements que l’on se rend compte qu’on a accumulé beaucoup de choses…. qui ne font qu’alourdir notre marche. Le Carême nous apprend à aller à l’essentiel, à marcher vers l’Essentiel.
- la tentation du savoir…parfois j’ai envie de vous en mettre plein les oreilles…. vous dire que je sais….Mais attention ! Plus on sait, plus on sait qu’on ne sait pas tout, en tout, et dans tous les domaines ! Hum ! « Un sachant » est loin d’être un savant. Ce dernier se distingue par son humilité et sa discrétion.
Les temps sont accomplis ! Le début de la prédication de Jésus marque une nouveauté. C’est le temps du Royaume de Dieu, celui de la réalisation de la Bonne Nouvelle. Le Carême, avec son symbolisme de marche dans le désert, n’est-il pas le temps qui nous permet d’en approfondir le sens ?