« Le Royaume des cieux est semblable à dix jeunes filles invitées à des noces … » Frères et sœurs, cette comparaison très positive avec des noces prouve bien que Jésus n’a pas imaginé cette parabole pour nous inquiéter ; il nous invite à nous transporter déjà au terme du voyage, quand le Royaume sera accompli et il nous dit : « Ce sera comme un soir de noce » . D’entrée de jeu, on peut donc déjà déduire que même la dernière parole « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » ne doit pas nous faire peur, ce n’est jamais le but de Jésus. À nous de déchiffrer ce qu’elle veut dire. Ici nous sommes devant une parabole, c’est-à-dire que c’est la leçon finale qui compte.
« Veillez donc ».
Pour commencer, reprenons les éléments de la parabole : des noces, une invitation ; dix jeunes filles, cinq d’entre elles sont insouciantes, cinq sont prévoyantes ; les prévoyantes ont de l’huile en réserve, les insouciantes ont pris leur lampe sans emporter d’huile… or, il est vrai qu’une lampe à huile sans huile n’est plus une lampe à huile… L’époux tarde à venir et tout notre petit monde s’endort, les prévoyantes comme les autres
L’époux finit quand même par arriver et l’on connaît la suite : les prévoyantes entrent dans la salle de noces, les insouciantes se voient fermer la porte avec cette phrase dont on ne sait pas dire si elle est dure ou attristée « Je ne vous connais pas » leur dit l’époux. Et cette fameuse conclusion : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
Chose curieuse, Jésus a déjà traité à peu près le même thème dans une autre parabole, celle des deux maisons : l’une est bâtie sur le roc, l’autre sur le sable. ici, dans la parabole des dix vierges, cela revient au même : c’est « Je ne vous connais pas, vous n’êtes pas la lumière du monde… vous êtes appelées à l’être, mais il n’y a pas d’huile dans vos lampes », vous n’êtes pas prudentes, vous n’êtes prévoyantes, vous n’êtes pas vigilantes, vous n’êtes pas sages, vous ne m’avez pas accueillis, moi, la Sagesse personnifiée.
Les deux fois, Jésus emploie cette même formule « Je ne vous connais pas » : ce n’est pas un verdict sans appel, c’est un constat triste : Vous n’êtes pas dans mes listes…et comme il y a toujours de la place chez Dieu, les derniers à arriver sont traités comme les premiers.
« Veiller », c’est donc vivre au jour le jour cette ressemblance avec le Père pour laquelle nous sommes faits : c’est aimer comme lui ; chose impossible, sommes-nous tentés de dire… heureusement cette ressemblance d’amour est cadeau ; comme nous l’ont dit les autres lectures de ce dimanche, il nous suffit de la désirer ; de le chercher, comme dit le psaume « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube » ; d’aller à la rencontre de cette Sagesse dont nous parlait la première lecture, celle qui se traduit par la bonté, le droit, la justice. En effet, la première lecture nous indique que la foi est bien l’histoire d’une rencontre. Dans ce texte du livre de la Sagesse, comme dans toute la Bible, il s’agit de la foi d’Israël, de l’Alliance entre Dieu et son peuple. Son discours tient en trois points :
Premièrement, la Sagesse est la chose la plus précieuse du monde :
Deuxièmement, la Sagesse est à notre portée, ou, plus exactement, elle se met à notre portée : « Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aime… elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent ». En fait, il n’existe pas de conditions pour rencontrer Dieu ; pas de conditions d’intelligence, de mérite ou de valeur personnelle… Jésus le redira sous une autre forme : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira… Quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, à qui frappe, on ouvrira. » (Mt 7,7-9).
Troisièmement, non seulement elle répond à notre attente, mais elle-même nous recherche, elle nous devance ! L’auteur le dit en toutes lettres : «Elle devance leurs désirs en se faisant connaître la première »…Et la dignité dont il est question ici, c’est seulement ce désir de Dieu : c’est la seule dignité qui nous est demandée. Dieu est à la recherche de l’homme ; il faut et il suffit que l’homme soit à la recherche de Dieu.
La robe de noces c’est notre Baptême, cadeau incommensurable de Dieu, notre HUILE, c’est notre oui à Dieu, notre foi en Jésus Christ, Sagesse incarnée parce que, Ce qu’il y a de plus précieux au monde, ce qu’il y a de plus près de nous au monde et enfin, Celui qui prend l’initiative de venir vers nous avec un amour fou.
Veiller, en fin de compte, c’est être toujours prêt à le recevoir dans sa Parole, la Parole de Dieu, dans les sacrements et particulièrement l’Eucharistie et enfin à le rendre présent chez tous les hommes car, où sont amour et charité Dieu est présent. Cette rencontre de l’époux se fait non pas au bout du temps, à la fin de l’histoire terrestre de chacun, mais à chaque jour du temps ; c’est à chaque jour du temps que nous sommes en marche, en pèlerinage.
La vie est attente et pèlerinage !